La Chute des Princes de Robert Goolrick
‘’ On ingérait la vie avec la même aisance qu’un rail de coke. ’’
C’est l’histoire d’un homme, trader, parmi les autres, qui nous raconte son ascension et sa descente aux enfers au pays où tout est permis et où l’argent est le marqueur d’une certaine supériorité morale…
Pris dans le tourment de ses excès et de ce que sa nouvelle vie attend de lui, cet homme va s’embraser telle qu’une allumette, avec une puissance , un éclat instantané et fulgurant, pour finalement dégringoler de l’échelle sociale aussi vite qu’il ne l’a grimpée.
Pris dans la frénésie de ce flot continu d’argent.
‘’ C’était comme être shooté en permanence. ’’
son boulot va le déchiqueter vivant…
Car en effet, la seule façon de se distinguer du lot, c’est de bosser plus dur que les autres , de se tuer littéralement au travail. Notre hero « tragique » l’a très bien compris…
Entouré 15h de suite de dizaines de moniteurs, sur lesquels les cours défilent,dans des salles sans fenêtres, sans horloges, … Les journées sont brutales, frénétiques, …
Réveillés tot le matin pour faire du sport comme des bêtes, ces traders aux corps olympiques, à l’arrogance bling bling, se tapent des nanas splendides, touchent des primes de folie en matière de bonus, voyagent aux 4 coins du monde en première classe et n’ont aucune retenue sur rien.
Ils se croient les maîtres du monde …
La coke et l’alcool circulent, font partie du quotidien permettant ainsi de tenir des heures interminables au travail et aux sorties déjantées qui s’en suivent.
Ils descendent l’alcool comme un verre d’eau, se tapent un énième rail de coke pour trouver un exutoire à cette énergie débordante qui crée l’impression d’être invincible… Le sexe est divin, ils baisent tout ce qui se trouve sur leur chemin, hommes femmes, tout est confondu… tant que la liasse d’argent reste visible.
Il faut juste créer l’illusion de continuer d’exister…
Puis c’est le début de la fin… le Sida commence à apparaitre…
L’overdose, la mort plane au dessus de leurs têtes. Sentant la fin proche il faut profiter de tout avant qu’il ne soit trop tard pour faire marche arrière…
Un jour, malheureusement, ce sera l’excès de trop, La Grande Porte se refermera définitivement. Les requins commencent à tomber un à un , certains se font renvoyer sans explications, d’autres n’ont même pas cette chance et finiront par croupir sous terre plus vite qu’ils ne l’imaginaient.
On pleure, on barre un nom dans ses fréquentations, on inscrit un enterrement dans son agenda… et puis en fin de compte, chacun tombe aux oubliettes. La grande fiesta de l’insouciance touche à sa fin et bientôt plus personne ne se rappellera de qui ou quoi que ce soit.
Belle leçon de vie que nous offre l’écrivain sur l’Amérique des eighties, pays tant rêvé, tant fantasmé, mais si cruel une fois la roue tournée … A travers la plume de Robert Goolrick, Les masques finiront par tomber, la comédie prendra fin, pour faire place à une solitude immense.