Traversée en eau claire dans une piscine peinte en noir de Cookie Mueller
Née dans une famille pauvre, originaire de Baltimore, elle correspond parfaitement à l’image des jeunes qui, en 68, quittent le domicile parental pour vivre pleinement l’aventure des hippies à Haight-Ashbury et gouttant à tous les excès de l’époque.
Un peu dingue, un peu déjantée, Cookie Mueller fait partie de ces étoiles filantes, qui, vécurent à 100 à l’heure sans jamais se soucier du lendemain.
Entourée d’amis qui ont marqué l’histoire de l’art, du cinéma, de l’écriture, Cookie a toujours vécu dangereusement.
‘’On 12.January 2019. At vero eos et accusamus et iusto odio dignissimos ducimus qui blanditiis enim ad minima veni um deleniti atque corrupti quos sint occaecati cupiditate non provident, similique sunt culpa quis nostrum exercito mollitia harum quidem rerum facilis deleniti.’’
Sa vie ressemble a un film tant ses aventures sont souvent loufoques.
Ce livre nous plonge dans cette ambiance si particulière qu’était le monde de la nuit des années 70.
Guidée par son éternelle curiosité et son appétit de vivre, la jeune Cookie s’est souvent laissée entraîner dans les situations les plus rocambolesques, ce qui fait d’elle un témoin privilégié de l’insouciance et de la liberté d’esprit qui régnait dans les années 70 avant l’apparition du sida.
L’héroïne partage les mêmes planques, les mêmes soirées déjantée que des célébrités comme Robert Mapplethorpe, Andy Warhol, Nan Goldin, pour qui elle posera pendant des années, tout en assistant la célèbre photographe dans son travail.
Dans les années 80, elle sera l’une des premières, après son compagnon, le célèbre artiste Scarpetti, à succomber.
Ce qui rend son histoire personnelle tellement passionnante, est que Cookie a eu mille vies.
Elle exerce plusieurs métiers et côtoie les gens les plus différentes et originaux : tantôt strip-teaseuse (go-go dancer), écrivain, performeuse, dealer, serveuse dans un bar, critique d’art, elle travaillera également en tant qu’actrice pour le célèbre cinéaste underground John Waters.
Il dirige l’actrice dans 4 films, Multiple Maniacs, Pink Flamingos, Female Trouble et Desperate Living.
Cookie Mueller fait partie des « Dreamlanders », muses de John Waters, et se fait ainsi connaître dans le milieu «arty» des années soixante dix.
Rédigé dans les années 80, « Walking Through Clear Water in a Pool Painted Black » ( « Comme une version arty de la reunion de couture »), le livre est édité en 1990 aux Etats-Unis.
Largement autobiographique, il réunit une série de nouvelles souvent trash et provocantes sur le New York underground de cette époque. Ces écrits sont le récit de la vie marginale de l’artiste, même si elle parle très rarement de la drogue qu’elle consomme, et de ses différents partenaires.
L’ouvrage est publié pour la première fois en France en 2017 aux éditions Finitude.
Cookie Mueller a un véritable talent d’écrivain. C’est ce que j’ai aimé.
L’enthousiasme qu’elle manifeste, et surtout la curiosité pour le travail des autres, témoigne de sa sensibilité vis-à-vis du monde qui l’entoure.
Le chapitre consacré au travail de Jean-Michel Basquiat et à sa personnalité mélancolique, est touchant.
Très vite, elle ressent et comprend le mal être de ce personnage, ses humeurs chagrines:
» Il n’était pas fait pour vieillir. »
« L’ivresse des profondeurs s’est rappelée à lui et il a succombé sans souffrir. Comme le plus grand, le plus pur et le plus torturé des artistes sensibles, il est mort sous les projecteurs illuminant sa propre célébration. Et une fois encore, il s’est éclipsé comme la brise.
La chanson « c’est ma fête , je peux faire ce que je veux, même mourir » passait ce soir là.’’
La vie et sa la mort de Cookie Mueller seront repris dans le célèbre recueil de la photographe américaine « Ballad sexual dependency » de Nan Goldin témoignant d’une époque révolue, où la drogue, le sexe, le talent, les gens les plus divers se mélangeait, donnant lieu à un cocktail explosif d’histoires et d’aventures les plus folles.
Je trouve les écrits de Cookie Mueller beaucoup plus raisonnables que la vie qu’elle a menée. Je la trouve même lucide par rapport au monde qu’elle côtoie.
L’écrivaine connaît bien cette jungle new-yorkaise qui mélange les futures stars, « les wanna be’s » aux éternels losers.
Les situations les plus pathétiques sont racontées avec humour et distance.
Cookie a vécu selon ses envies, sans se soucier du lendemain. Elle en paiera le prix.
Son écriture témoigne de son positivisme, son énergie débordante et sa curiosité insatiable pour le monde qui l’entoure malgré la fin tragique qu’elle connaîtra comme la moitié de ses amis décimés par le sida.
Pour ceux et celles qui, comme moi, sont amoureux des années 70, que je n’ai pas vécues puisque je ne suis née qu’en 72, je recommande vivement ce livre qui donne à voir l’histoire d’une époque où tout était permis, où tout était possible.