Ton Histoire Mon Histoire de Connie Palmen
Ton histoire, mon histoire est un livre puissant par la tragédie qu’il décrit, la relation tumultueuse et impossible entre deux grands poètes du siècle dernier Sylvia Platt et Ted Hughes.
Cette histoire qui m’a profondément bouleversée, est l’histoire de la souffrance d’un homme face à la femme qu’il aime et qu’il est incapable de rendre heureuse tant elle est perdue dans ses tourments.
Pendant des années, Ted Hugues, poète de génie est devenu le bouc émissaire de leur histoire amoureuse qui s’est malheureusement terminée par le suicide de sa compagne, Sylvia.
‘’On 12.January 2019. At vero eos et accusamus et iusto odio dignissimos ducimus qui blanditiis enim ad minima veni um deleniti atque corrupti quos sint occaecati cupiditate non provident, similique sunt culpa quis nostrum exercito mollitia harum quidem.’’
Ted, qui jusqu’à la fin de sa vie, s’est toujours muré dans le silence, a supporté tous les mensonges qui ont circulé sur lui, toutes les histoires qui ont été écrites sur l’amour qu’il portait à sa femme.
La rumeur l’a rendu coupable de son suicide.
Pendant 35 ans, il s’est tu et s‘est résigné à observer avec répugnance comment leur vie, a été engloutie sous des torrents boueux de récits apocryphes, de ragots, d’affabulations, de mythes de gens avides de sensations fortes, souvent pour calmer et remplir leur propre vide existentiel. La seule fois où il a parlé c’est à la fin de sa vie, à travers sa poésie, qui lui a permis de s’exprimer le plus authentiquement possible.
Les 88 poèmes de Birthday Letters racontent l’histoire de son couple, le mal de vivre de sa femme.
Connie Palmen, l’écrivaine du roman , s’est plongée avec intérêt dans ses poèmes qui ont structuré son roman.
A travers les poèmes de Hugues, elle a tenté de remettre un peu de justesse dans une relation qui a été si mal interprétée par le monde extérieur et dont Ted Hugues s’est retrouvé être le seul et unique responsable.
À la mort de Sylvia Plath, Ted devient l’exécuteur testamentaire de l’héritage personnel et littéraire de son épouse.
Il supervise la publication de ses manuscrits, notamment celui d’Ariel en 1966.
Bien que ce fait n’ait jamais été prouvé, il est suspecté d’avoir détruit le dernier cahier du journal intime de son épouse, qui aurait contenu des détails sur leur vie commune.
Ces « détails » décrits par Sylvia dresseraient le portrait d’un homme volage, violent, incapable de mener une vie normale.
C’est peu dire la surprise et le choc émotionnel qu’il a dû éprouver s’il a découvert une rage et un tel décalage dans l’écriture de sa compagne qui se disait heureuse avec lui, malgré ses démons.
L’histoire avait pourtant bien commencé. C’est un amour passionnel, qui unit ces deux personnages.
Une véritable rencontre.
‘’ D’une femme qui vous inflige une morsure en guise de baiser, j’aurais dû deviner qu’elle envisageait l’amour comme un combat. ’’
Car Sylvia Plath, derrière sa gaieté exubérante, est une femme qui sort de l’ordinaire.
Elle est sauvage, pétrie d’angoisses, de colères , de jalousie, elle est excessive, exaltée, volubile et vit dans un monde parallèle quand les tourments l’emportent.
Elle frôle la folie, ne cesse de flirter avec la mort et l’auto-destruction et est obsédée par ce père absent, mort trop tôt que toute sa courte vie elle va chercher à rejoindre et par une mère possessive auprès de qui elle ne cessera de chercher l’approbation dans ce qu’elle entreprend.
Tout est contradiction chez elle.
Très vite Hugues sentira le danger que cette femme projette, mais attiré par le charme inouï qu’elle dégage et la douleur qui émane du plus profond de son être, il ne pourra lui résister.
Leur amour est fusionnel, ils partagent une passion intellectuelle qui ne cesse de grandir, l’amour des lettres et de la poésie.
Ils sont touchés par le monde qui les entoure de façon similaire, leur amour physique est dévorant , brûlant et ils ne peuvent se quitter.
Très vite , il veut devenir son ange gardien, celui qui la protège de ce monde qui la blesse tant :
‘’ J‘éprouvais le besoin d’être son brave saint-bernard, de la protéger de tous les maux et de la guider en toute sécurité dans la jungle. ’’
Hugues connaîtra très rapidement le succès avec ses poèmes inspirés au début par la nature, et en particulier par l’innocente sauvagerie des animaux.
Plus tard il s’ancrera d’avantage dans les mythes.
Très vite attiré par la nature et agacé par le monde littéraire avec ses courtisans et ses mondanités ,il cherchera avec Sylvia un mode de vie campagnard loin des dangers de la ville et de ses tentations pour élever leurs deux enfants et tenter de vivre en paix.
A force de vouloir protéger à tout prix sa dulcinée et de ne cesser d’écouter « sa meute de loups » qui l’empêche de vivre , à force de se noyer dans les chagrins et les douleurs de sa femme, Hugues va oublier sa propre histoire , ses démons et se perdre dans ceux de sa femme au point de devoir fuir pour ne pas suffoquer.
Sylvia, obsédée par la réussite, la reconnaissance de ses pairs, assoiffée de mondanités pendant ses moments de répit, mettra beaucoup plus de temps à être reconnue pour son travail et luttera avec ses démons qui ne cesseront de la faire douter d’elle-même et de la plonger dans des moments de dépression nerveuse intense.
Hugues finira par la quitter pour une autre femme et le paiera très cher, trop à mon avis , mais la fin tragique s’annonçait dès le départ.
Et c’est ce que le lecteur sent dans ce livre.
Dès la première page, la tragédie se distille comme un mauvais poison, entraînant avec elle la destruction de tout ce qui l’entoure.
‘’ Cette fascination morbide quelle avait pour la mort même la maternité n’a pas été capable de l’effacer. ’’
Je pense personnellement que ce livre décrit parfaitement les moments de souffrance et de désespoir que Hugues a dû vivre en voyant la femme qu’il aime se consumer à petit feu.
Quelle n’a pas dû être sa surprise, quand après sa mort, il aurait retrouvé « ses fameux diaries » le décrivant comme un homme incapable de rendre sa femme heureuse, allant jusqu’à la torturer par son côté volage et infidèle, lui qui l’a tant aimée et qui s’est sacrifié pour elle, au point de perdre par moment son « moi-poétique » et d’abandonner sa propre vérité.
La seule chose qui me pose question est que, quelques années plus-tard, sa deuxième compagne se suicidera également en entraînant leur fille dans la mort.
Faut-il y voir un pur hasard ou à nouveau le geste d’une femme incomprise , abandonnée et désespérément malheureuse en mariage ?
La vérité n’est sans doute pas si tranchée et Hugues poète ténebreux, n’étant probablement attiré que par des femmes aussi vibrantes et exaltantes que sombres et dangereuses.
Ils étaient beaux, ils avaient tout pour réussir et pourtant la vie ne leur a pas fait de cadeau.
J’ai été subjugée par cette histoire mais également par l’écriture si riche et dense, qui plonge le lecteur dans les ténèbres des sentiments des protagonistes