Grand Angle de Simone Somekh
L’histoire est simple.
Ezra a 15 ans et vit à Brighton, le quartier ultra-orthodoxe de Boston.
Comme tout adolescent, il se cherche, et depuis quelques temps, voue une passion à la photographie qui, dans sa vie, va prendre de plus en plus d’ampleur.
S’il commence par photographier les manifestations religieuses et familiales de sa communauté, très vite, il étend ses sujets et se trouve renvoyé de son lycée pour cause de photos prises d’une jeune fille de sa classe, ce qui lui vaut de nombreux ennuis.
Le livre de Simone Somekh, pourtant assez simple dans l’écriture, conte l’histoire d’un jeune homme, sans doute plus intelligent et courageux que ses camarades, qui essaie de toutes ses forces de s’affranchir de sa communauté religieuse.
Confronté à la fermeture d’esprit de son milieu, il ne choisit évidemment pas la voie la plus facile pour vivre pleinement sa liberté et devenir petit à petit l’homme qu’il veut être.
‘’Le moment était venu de sortir les griffes et d’agir.’’
L’histoire est somme toute assez banale, mais elle est très bien racontée.
Comme l’indique le titre du roman « Grand Angle » décrit le changement qui se produit chez ce garçon, de son jeune âge à l’âge adulte, et cette recherche d’ouverture d’esprit, cette quête du savoir qui ne cessent de le tourmenter.
On découvre le personnage adolescent et on le sent grandir petit à petit à travers ses réflexions et les injustices auxquelles il est confronté.
Ses jugements excessifs s’apaisent avec l’âge, sa colère aussi, même si certains traumatismes continueront à le hanter et à l’empêcher de vivre pleinement sa vie tant qu’il n’aura pas trouvé cette paix et cette sérénité tant recherchées.
Au départ, si, en raison de sa jeunesse, il est beaucoup plus inflexible, la vie lui apprendra la relativisation qui lui fait complètement défaut par rapport à ce monde.
Il est dans la recherche du mouvement, du questionnement alors que ses parents, orthodoxes, l’ont élevé dans un monde de certitudes et de règles strictes, un monde de tabous et d’interdictions.
Ce qui saute aux yeux du lecteur, enfin, de la lectrice que je suis, ce n’est sans doute pas cet immobilisme dans lequel il a été élevé et qui le fait tant souffrir que le fait que ses parents ne lui aient jamais donné la possibilité de choisir.
Alors que la foi étant, sans doute, de toutes les questions, la plus personnelle, la plus subjective, elle ne lui a été présentée que comme la seule option.
Et c’est bien là que réside tout le problème, là que tout se joue. Quand il décide de prendre un chemin différent, la porte lui est désormais fermée à jamais.
La fin du livre est un peu simpliste, lorsque Ezra, se trouve, en tant que photographe en reportage dans un pays arabe, antijuif et tout aussi fermé que sa propre communauté orthodoxe.
Pays dans lequel, pour la, première fois, il va se sentir fier d’être juif, et d’autant plus qu’il est seul face à l’hostilité. Ce qui va l’amener à sa rédemption après toutes ces années de refus de son judaïsme.
J’ai aimé ce livre par son questionnement face à toute forme d’extrémisme.
C’est un livre parfaitement dans l’air du temps posant des questions que nous devrions tous nous poser.