Sans destination finale de Michel Claise
L’histoire ?
La descente aux enfers d’une jeune femme, Monica, qui avait tout pour réussir une vie heureuse et qui, à la suite de la mort soudaine de son mari et leur jeune garçon, un accident de voiture et c’est le néant… décide de se laisser mourir à petit feu en entrant dans la spirale infernale d’où il lui sera impossible de sortir.
Monica n’a que 29 ans quand le destin s’acharne sur elle et sa famille.
La rupture, l’arrachement sont brutaux. Il lui est difficile de rester parmi les siens qui veulent l’aider et la soutenir afin qu’elle reprenne, petit à petit, goût à la vie. L’héroïne ne s’autorise plus à vivre, le souvenir de ses proches, la culpabilité d’avoir survécu à l’accident est sont trop puissants.
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Cette brillante intellectuelle, jeune professeure de français, se retrouve, quelques mois plus-tard, à la rue, livrée à elle-même, ayant coupé tous les ponts avec sa famille.
Devenue SDF, elle a plongé dans la misère et l’alcool. Abrutie par les substances, qui lui servent de remontants pour affronter les situations les plus pénibles, Monica passe ses journées à chercher un squat pour la nuit et à éviter les dangers de la rue, sans jamais s’attacher à qui que ce soit.
Et pourtant, à chaque page, le lecteur ressent la détresse et la folie dans laquelle, Monica sombre petit à petit. En ne s’attardant délibérément pas sur les détails, Michel Claise, l’auteur de ce roman, cherche à faire ressentir l’urgence et le danger de la rue.
Ce qui compte avant-tout, c’est la survie. Chaque jour est un jour gagné.
La jeune femme perd très vite ses repères, la notion du temps, et ressasse toute la journée les jours heureux.
Elle a rejoint un petit groupe dont les huit membres passent leur temps à s’insulter et à se battre mais indissociables face aux flagellations de la rue.
Un jour de printemps, la police l’arrête. Sa tante Véronique à qui elle rendait parfois visite et à laquelle elle est fortement attachée, a été cambriolée et assassinée.
Monica devient, très vite, la coupable idéale puisqu’elle est la dernière à lui avoir rendu visite.
Elle quitte la rue pour la prison. L’engrenage judiciaire se met en marche.
Et le sevrage survient soudain, violent, brutal.
En prison, Monica retrouve toute sa tête. Confrontée à la réalité terrible, cruelle, atrocement douloureuse qu’elle a toujours voulu éviter, il va falloir se défendre pour éviter la prison à vie.
Au fur et à mesure que se déroule une instruction à charge, Monica cette jeune femme perdue recouvre la santé physique et mentale. Elle n’a plus rien avoir avec la jeune femme Monica délabrée et inconsistante.
Par la force des choses, elle reprend contact avec ses proches, ses parents, beaux-parents, qui la soutiennent au parloir et dans la sa stratégie de sa défense.
Deux ans plus-tard, c’est le procès, le jury, convaincu par la plaidoirie de la partie civile, l’acquitte. Monica est libre, sa famille est là pour l’aider à prendre une nouvelle direction, et recommencer à zero.
Va t’elle se reconstruire ou replonger dans les méandres de la nuit …
La fin du livre est particulièrement tragique, Monica n’échappera évidemment pas à sa destinée, celle de se tuer à petit feu mais c’est surtout le dénouement de l’histoire qui m’a laissée assez perplexe et surprise.
La fin est inattendue, le dénouement tragique. Michel Claise sait surprendre.
Michel Claise, ancien avocat, et juge d’instruction à Bruxelles, spécialisé dans la criminalité, chroniqueur à la Libre Belgique, a déjà écrit plusieurs romans inspiré des situations et des cas les plus divers qu’il a rencontré durant sa longue carrière. Son écriture est factuelle sans empathie. Il décrit les faits, rien que les faits, mais tous les faits, sans sentimentalisme aucun.
Je ne vous dévoilerai pas la fin du roman, mais je vous conseille vivement ce livre qui nous prend, en tant que lecteurs, de court.